dessiné

dessiné, ée [ desine ] adj.

• de dessiner

1 ♦ Représenté par le dessin, tracé. — Bien dessiné : dont la forme est nette et harmonieuse. Un visage bien dessiné.

2 ♦ (1929) BANDE DESSINÉE.⇒ 1. bande (I, 2^o).

⇒DESSINÉ, ÉE, part. passé, adj. et subst. masc.

I.— Part. passé de dessiner.

II.— Adjectif

A.— [Correspond à dessiner I]

1. [Correspond à dessiner I A]

a) Représenté, réalisé par des traits exécutés à la main. Admirablement, délicatement, nettement dessiné. Un « Calvaire » très estimable, peinture bien composée, bien dessinée et d'une bonne couleur (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 153). Vinci avait l'habitude de faire quantité d'esquisses dessinées souvent fort différentes de sa composition définitive (LA TOURETTE, L. de Vinci, 1932, p. 116).

♦ C'est dessiné. Cela est bien dessiné. C'est tout dans la gamme des blancs crus et des ombres violettes affectionnées par la nouvelle école (...) mais, au moins, c'est dessiné (LORRAIN, Sens. et souv., 1895, p. 193).

b) Réalisé d'après un dessin, un plan exécuté à la main. Le cuirassé le mieux dessiné est un monstre, comparé à ces gracieuses et solides coques (ALAIN, Propos, 1908, p. 40). Parc à l'américaine, c'est-à-dire non dessiné (MORAND, New York, 1930, p. 244).

c) P. ext. Agrémenté, orné par des images, des figures exécutées à la main ou dont le modèle est un dessin. Étoffe, tissu dessiné(e).

♦ Bande dessinée. La consommation accrue des bandes dessinées (DUMAZEDIER, RIPERT, Loisir et cult., 1966, p. 31).

2. Au fig. [Correspond à dessiner I B]

a) [En parlant d'une mélodie, d'un rythme, d'une lang.] Dont la structure offre une figure régulière et agréable à l'oreille. Une mélodie clairement dessinée, élégante (BERLIOZ, À travers chants, 1862, p. 308). L'italien est le plus dessiné des langages, le plus limité par un trait sonore et pur (L. DAUDET, Bacchantes, 1931, p. 69).

b) Composé de manière à donner l'impression d'une image, d'une figure bien délimitée et structurée.

— [En parlant du genre, du style, d'un personnage d'une œuvre littér.] Un texte ferme et précis, parfaitement (dé)limité, parfaitement dessiné, au contour ferme et net (PÉGUY, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 794). Les personnages [de ces courtes nouvelles], pris dans la vie quotidienne, dessinés au trait, s'imposaient tous par leur relief (MARTIN DU G., Thib., Sorell., 1928, p. 1241) :

• 1. Débarrassée des épithètes et des images d'après quoi le monde a coutume de la reconnaître, la poésie, plus concise, plus construite, plus dessinée que la prose (...), la poésie cessera enfin d'être une prose en robe du soir.

COCTEAU, Poésie critique 1, 1959, p. 30.

— [En parlant d'une attitude de l'esprit, du sentiment ou d'une manière d'agir] Ma position n'est pas rigidement dessinée comme vous la faites (SAND, Meunier d'Angib., 1845, p. 216). Il y avait place dans le monde pour une ou plusieurs grandes politiques bien dessinées et bien suivies (VALÉRY, Regards sur monde, 1931, p. 26).

c) [En parlant d'une expression de la physionomie] Qui pourrait être traduit par un dessin. Un sourire à peine dessiné que Maigret commençait à connaître (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 55).

B.— [Correspond à dessiner II] Naturellement délimité, formé, structuré.

1. [En parlant d'un inanimé concr., notamment d'un élément du paysage] L'horizon circulaire (...) offrait une surprise grandiose dans un pays si pauvrement dessiné (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 163). Une large baie, l'une des plus heureusement dessinée du pays roussillonnais (J. CLADEL, Maillol, 1937, p. 1) :

• 2. De la hauteur vertigineuse où je chemine, la vaste rizière apparaît dessinée comme une carte, et le bord que je suis est si strict que mon pied droit, quand je le lève, a l'air, comme sur un tapis, de se poser sur la jaune étendue des champs semés de villages.

CLAUDEL, Connaissance de l'Est, 1907, p. 51.

2. [En parlant d'un corps ou d'une part. du corps] Son nez si bien dessiné était outrageusement rougi par le froid (KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 102). Un front purement dessiné, des yeux orange d'une vivacité excessive (BALZAC, Curé vill., 1839, p. 163).

— En partic. Accusé, mis en relief. Son visage est poudré à blanc, ses yeux dessinés en amande (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 221).

III.— Emploi subst. masc., rare

A.— Qualité du dessin. Il s'ensuivrait que la roideur et le mal dessiné des formes seraient la preuve de la vision intuitive (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 420).

B.— Objet du dessin. Le dessin traduit fortement la pensée du dessinant; non pas la pensée du dessiné (ALAIN, Propos, 1924, p. 589).

Fréq. abs. littér. :842. Fréq. rel. littér. :XIX^e s. : a) 822, b) 1 373; XX^e s. : a) 1 208, b) 1 416.

Encyclopédie Universelle. 2012.